La femme anonyme, sans nom ni visage dans le « Bord de mer » de Véronique Olmi, n’est qu’une mère. Peu, pour affronter le monde d’aujourd’hui.
Et comme dan la tragédie grecque où tout est perdu d’avance, la même histoire se répète depuis la nuit des temps. Cette nouvelle Médée rejetée par tous, étranglera par amour ses deux fils.
D’abord Kevin, 5 ans. Puis Stan, 7 ans. Pour les protéger comme jadis, du malheur héréditaire, pour rompre la chaîne du mauvais sort. Au prix de porter pour toujours le fardeau le plus lourd dans l’histoire de l’humanité : l’infanticide.
« Pus jamais honte et froid, une famille en entier » dira-t-elle brisée.
La ville est hostile aux oubliés. « J’aurais voulu que quelqu’un me demande quelque chose, que quelqu’un me voit ». Peine perdue.
La métropole posera sur elle ses biceps froids et l’écrasera de sa lourdeur métallique jusqu’à l’étouffement.
Même la vision de la mer tant espérée comme la dernière image, va perde ses couleurs, devenir grise, sans l’horizon. Elle sera face au mur.
Jamais d’ailleurs cette femme ne verra le monde « comme à la télé ».
Tirant ce sac dans la boue, vieilles godasses épuisées à ses pieds, ses petits bonhommes derrière, elle rejoindra avec sa peine l’hôtel sombre comme « un passage souterrain ».
Pour commettre l’irréparable.

« J’aurais pas dû laisser Stan grandir autant », dira-t-elle à regret.
Le temps avait empiré pour ces mères-là. Tout les avait abandonnées.
Ne baissons plus jamais le regard.
Renata Gorka
(photo: Ron Mueck)














