Autour des restes froids du repas vaguement consommé, en glissant sur des paillettes dorées inutilement lancées, se réunit une famille composée d’enfants fosfolisés, morts avant l’âge.
De leur fortune ne reste plus rien, sauf les apparences, leur fameuse naissance n’apporte rien non plus, en tout cas pas d’espoir.
L’attente interminable reste la seule issue, quand « vivre est devenue juste une obligation pour purger sa peine ».

Ces vieux enfants allemands à l’esprit si russe seront assis face au public, sur un très long divan confortable et design qui leur permettra des monologues sans réponse. L’interminable mur des fenêtres hautes, comme le vestige de la gloire passée, installé derrière eux fera plus office d’une lourde verrière qui emprisonne ses hôtes scotchés dans leur nihilisme néant.
Les lourdes et imposantes portes s’ouvriront inévitablement sur le jardin progressivement dévasté par l’immense bac à sable.
Dans un premier temps, les volets métalliques installés au-dessus des fenêtres, agrandiront cette villa somptueuse et défraichie pour ensuite tomber comme un rideau de fer sur ses enfants « tétraplégiques ». Au sol, de nombreux objets et éléments de décor aussi inutiles que impayables pour « prouver à l’autrui cette appartenance à l’élite comme s’il fallait sans cesse justifier son errance » seront équipés de roulettes.

Les personnages de la pièce pourront les manipuler à leur guise jusqu’à les faire disparaître progressivement du plateau et user sans limite leur pouvoir.
Le dernier témoin de ce suicide collectif de la société qui tourne à vide, sera le mur « en verre » qui grâce aux roulettes invisibles pourra avancer lentement et inévitablement vers la fosse, en laissant de moins en moins de place à l’humain qui a « désappris à vivre ».
Renata Gorka.
(photos: Romany WG)














